Abstinence et prière

Michel Pé

7 Rampe du Pont

92 Courbevoie

À l'attention de Monsieur Slimane,

Courbevoie, le 2 novembre 2000,

Monsieur le Maire,

Nous nous sommes déjà rencontrés quelquefois, dont une, récemment, un vendredi soir vers vingt heures, à votre sortie de la Mairie, et où vous avez bien voulu discuter quelques instants avec moi des questions relatives aux déjections canines, qui, je vous l'avoue, constituent pour moi un sujet véritablement prioritaire dans la mesure où l'un de mes voisins possède un saint-bernard, et un autre une paire de labradors, ce qui me rend la circulation piétonnière aux abords de ma résidence, vous vous en doutez, extrêmement périlleuse.

J’écris cette lettre à la demande de Monsieur Belkacem Bebani, qui gère le Bar des Amis, au 34 Avenue des Cotillons. Il souhaite vous rencontrer et vous la remettre, lors de votre visite du 1^er décembre dans notre quartier. J'en profite à ce propos pour vous conseiller vivement, si d'aventure vous arpentez nos trottoirs, d'éviter de trop contempler les cieux.

L’essentiel de l’activité commerciale de Monsieur Bebani, en raison de la spécificité maghrébine de sa clientèle, se déroule le week-end, et plus particulièrement le soir. C’est pourquoi il vous demande respectueusement de prolonger, en fin de semaine, l’heure de fermeture à deux heures du matin au lieu de minuit, comme d’ailleurs cela est déjà pratiqué dans certaines communes avoisinantes.

Certes, le Bar des Amis ne paie pas de mine. L’extérieur, en particulier, a besoin de travaux substantiels. Mais je puis vous assurer, en tant que voisin et client, qu’il y règne une ambiance joyeuse, animée, digne et chaleureuse, et que la clientèle y est parfaitement honorable. J’ajoute que Monsieur Bebani est particulièrement vigilant et intraitable vis-à-vis de l’alcoolisme. Plus d'une fois il lui est arrivé, cela pour vous dire son professionnalisme, de refuser de me servir. En toute amitié, cela va de soi. Je n’ai quant à moi, en dix ans, jamais remarqué, de jour comme de nuit, la moindre violence ou nuisance causée par cet établissement, hormis quelques petites altercations sans grande importance et, par ci par là, quelques inoffensifs bris de glaces.

Espérant que vous voudrez bien prendre en considération la demande de Monsieur Bebani, veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de mes sentiments les plus respectueux.

Michel Pé