mercredi 8 juin 2011

The Wild Bunch

Mortelle solitude

Une Société où l'on ne se réunit pas est une Société qui meurt. A l'inverse, dans une Société en bonne santé, tous les prétextes sont bons pour se réunir. A tel point que la réunion est devenue, chez certains professionnels aguerris, une activité à temps complet.

La réunion pourtant est une discipline mal connue. De trop nombreux participants en ignorent les usages et les obligations. Ils ignorent totalement les avantages qu'ils peuvent en retirer, ainsi que les catastrophes personnelles qui peuvent en résulter. Pour pouvoir espérer s'en sortir indemne, et si possible grandi, il est indispensable d'avoir parfaitement acquis et maîtrisé un certain nombre de techniques pourtant très simples, qui sont explicitées ci-après.

Sur le fond, tout d'abord, il convient d'être capable instantanément de reconnaître avec précision le profil psychologique des participants et d'en faire bon usage. L'exploitation des tares d'autrui est un art délicieux pour qui sait s'y prendre. Mais il ne faut cependant jamais oublier que d'autres malfaisants peut-être nourrissent le même état d'esprit à votre encontre.

Aspect fondamental, ensuite, vient le support proprement dit de la réunion. Cette préoccupation heureusement ne s'applique que lorsque l'on reçoit des personnes totalement étrangères à la Société. Quand on n'est qu'entre nous on n'a besoin de rien, puisqu'on en sait plus que tous les autres réunis. Le prétentieux qui s'aventurerait, au cours d'une réunion interne, à présenter des documents soi-disant pédagogiques, s'exposerait immédiatement à des sarcasmes unanimes et mortels.

Cette activité animatrice est totalement dépourvue d'intérêt, sauf lorsque l'on en est personnellement chargé. Mais en ce cas, de nombreuses erreurs doivent impérativement être évitées, sous peine de passer à jamais pour un irrémédiable imbécile ou somnifère. Et surtout, il ne faut jamais oublier que tout ce que l'on aura écrit pourra être retenu contre nous.

Enfin, il faut savoir adopter en réunion un comportement intelligemment adapté à la situation. Il est de règle de ne pas insulter ses collègues devant les clients, même quand c'est justifié, de même qu'il n'est pas nécessaire d'être aimable avec eux lorsque l'on n'est qu'entre nous. Il ne faut donc jamais hésiter à cirer les bottes de celui qu'on aura assassiné la veille, lorsque la situation l'exige, et inversement. Celui qui confondrait les deux cas de figure irait au devant de graves déconvenues.

Tout cela assurément n'est pas simple. Mais ce n'est pas non plus insurmontable lorsque l'on a fait des études un tant soit peu supérieures à la moyenne. Les quelques pages ci-après n'ont pour but, très modestement, que de donner à certains jeunes cadres pleins d'espérances quelques conseils qui, peut-être, leur permettront d'accéder à la sagesse de leurs aînés.

Plus on est de fous, plus on rit

Se rendre à une réunion qui rassemble des participants émanant de Divisions et de Départements divers n'est pas une mince affaire. Il faut tout d'abord savoir que si l'on y va seul, ce n'est pas forcément parce que l'on est l'homme de la situation, mais c'est probablement parce que personne d'autre n'a souhaité se déranger. Et que si l'on y va accompagné, c'est que l'autre est un malveillant chargé de vous surveiller et de tout raconter au retour.

Et que l'on ne croie pas pour autant qu'il s'agisse d'une mission de tout repos destinée à vous faire prendre l'air. Deux objectifs essentiels devront être impérativement atteints : tout d'abord, repartir en ayant bien veillé à n'être chargé d'aucune tâche précise ; deuxièmement, avoir porté bien haut et sans rien concéder, même au prix de mensonges éhontés, l'étendard du Département ou de la Division à laquelle on appartient.

Pour ce faire, il n'est nullement nécessaire de connaître dans ses moindres détails le sujet qui sera débattu. A la limite, il est presque préférable de tout en ignorer, car ainsi on ne souffrira au cours des débats d'aucune inhibition et l'on pourra faire assaut de questions et de critiques aussi fulgurantes que pertinentes.

Seule est importante pour réussir sa prestation l'identification précise de la partie adverse. C'est une tâche d'autant plus délicate que l'on ne connaît généralement qu'une toute petite partie des participants, et que certains prennent un plaisir sournois à ne pas se présenter. Il est dans ces conditions terriblement difficile d'agresser quelqu'un dont on ignore tout de l'activité.

Heureusement, la nature est ainsi faite que chacun ne fait que jouer le rôle auquel son tempérament l'a prédestiné. Il est donc facile, après quelques minutes de réunion, de ranger chaque participant dans une catégorie connue et exploitable. Ce que sachant, il n'y aura plus qu'à en faire bon usage.

Nous avons tenté, dans les paragraphes ci-après, à l'usage des jeunes générations, de dresser une liste des principales pathologies auxquelles on peut être amené à faire face au cours d'une réunion. Dieu merci, toutes les catégories décrites ne sont pratiquement jamais rassemblées simultanément dans la même salle, sans quoi les murs seraient vite couverts de sang.

De même que personne ne parviendra jamais à rédiger un guide complet des perversions sadomasochistes, il ne s'agit bien entendu pas ici non plus d'un catalogue exhaustif. Il n'est pas du reste pas totalement exclu que l'on puisse parfois avoir affaire à des gens parfaitement honnêtes et dépourvus d'arrière-pensées, bien que ce soit, de notoriété publique, une espèce en voie de disparition. C'est alors la situation la plus difficile à gérer. Il faut les ignorer autant que faire se peut. Ils sont bien gentils, mais ils tuent le métier.

Celui qui a pensé la réunion

Attention ! Si l'on veut avoir l'honneur de le voir et de l'entendre, il y a tout intérêt à être à l'heure. C'est que c'est un Grand Directeur, et que ses minutes sont comptées. Il ne consacrera donc à la réunion que le temps d'une brève et lumineuse introduction, destinée à rappeler intelligemment à tout un chacun le quoi du pourquoi du problème, et les audacieuses solutions et initiatives qu'il espère voir surgir à l'issue des débats. Ce sur quoi, heureux et fier d'avoir mis la locomotive sur ses rails, mais rendu légèrement soucieux et contrarié après avoir constaté une fois de plus la terrifiante médiocrité de l'assistance, il se précipitera dire la même chose dans la salle d'à côté.

Hélas, vu l'absence d'échauffement, l’heure matinale ou l’assoupissement du début de l’après-midi, aucun des participants n'aura retenu quoi que ce soit de ce qu'il aura dit. Ce n'est pas grave, lui non plus ne se souvient déjà plus de rien. On fera donc après son départ comme si rien ne s'était passé. Toutefois, il n'est pas rare qu'il refasse son apparition au moment des conclusions, surtout s'il est l'heure d'aller déjeuner au restaurant théoriquement réservé aux invités. En ce cas, hypocrisie et langue de bois seront unanimement adoptées par l'ensemble des participants.

Conclusion: A ne fréquenter que si l'on nourrit de grandes ambitions et que l'on est capable, sans trop de honte, de se mettre à plat ventre sur la moquette. Se faire tout petit, ou arriver en retard, dans tous les autres cas.

Celui qui coordonne la réunion

Le voilà ! C'est l'homme providentiel, c'est notre bienfaiteur ! C'est lui qui a convoqué la réunion ! Sans lui on serait encore en train de s'ennuyer à mourir dans nos bureaux mal chauffés. Personne ne le connaît, mais il bénéficie ainsi d'un préjugé extrêmement favorable. Et en plus, c'est lui qui se dévouera pour rédiger le compte rendu.

L'organisation de toutes les réunions qu'il a coordonnées ces derniers jours l'a tellement occupé qu'il n'a absolument pas eu le temps de s'informer sur le contenu de celle qu'il préside aujourd'hui. Mais il faut que chacun soit bien conscient que ce n'est pas son rôle. Il est là pour coordonner ceux qui savent, pas pour savoir lui-même. Que l'on s'estime heureux si déjà il se souvient vaguement de l'ordre du jour de la convocation qu'il a rédigée deux mois auparavant.

Pour gérer cela intelligemment, il adopte généralement, dans un premier temps, une stratégie prudente. Pendant une petite demi-heure, il ne va absolument rien dire, ce qui va lui permettre d'acquérir quelques connaissances minimales sur la question qu'il est venu traiter.

Après quoi, progressivement, et en veillant à ne contrarier personne, il va se mettre à assurer pleinement son rôle éminent de coordinateur ; délibérément, à intervalles réguliers, il va systématiquement reformuler, de manière très approximative, voire totalement fantaisiste, mais qu'importe, tout ce qui aura été dit, redit et contredit précédemment.

Dans ce monde cruel qui est le nôtre, il peut hélas arriver qu'il ait à batailler contre des individus malintentionnés qui prétendent plus ou moins ouvertement lui contester son titre de coordinateur. Maintenir son autorité intacte, terrasser par tous les moyens son odieux rival, deviendront alors les objectifs prioritaires de son action.

Et en définitive, c'est lui qui désignera, à l'unanimité ou presque, de qui va faire quoi. Une seule chose est sûre, c'est que ce ne sera pas lui. Tout ce qu'il demande à l'heureux élu, c'est d'être, lui, le destinataire unique de toutes les réflexions écrites à venir. Car c'est lui, à nouveau, qui coordonnera les suites à donner. Il ne faut pas s'étonner dans ces conditions de le voir partir épuisé.

Bien entendu, trois semaines plus tard, après avoir laborieusement rédigé un compte rendu détaillé et exhaustif d'une page et demie en police de taille 14, il ne manquera pas de téléphoner à tous les destinataires pour s'assurer qu'ils l'ont bien reçu.

Conclusion: Peu intéressant. Trop débordé, de toute façon, pour prêter une oreille attentive aux malheurs d'autrui. Et, par principe, il ne s'intéresse pas aux problèmes individuels autres que les siens.

Celui qui aimerait bien être ailleurs

Son désespoir fait peine à voir. Il sait déjà qu'à terme, qu'il s'y oppose ou non, c'est lui qui va être obligé de faire quelque chose. Sa tranquillité est une fois de plus gravement menacée. Mais, en homme d'expérience qu'il est, il sait aussi qu'une seule réunion n'y suffira pas.

Son action par conséquent, au cours de la réunion, va être tout entière tendue vers un unique objectif : empêcher, ou au moins retarder, toute prise de décision quelle qu'elle soit. Il va à cet effet utiliser toutes les ressources tactiques et dialectiques que lui confère sa considérable habileté en ce domaine : minimiser la gravité du problème, mettre en avant les multiples dangers inhérents à toute initiative, exploiter intelligemment les divergences de vues et incompatibilités d'humeur des autres participants ; bref, faire, avec enthousiasme et inlassablement, l'apologie du statu quo et de l'immobilisme.

Mais sa stratégie, souvent, va se heurter à celle du coordinateur. Car ce dernier ne saurait se permettre de lever la séance sans avoir obtenu des résultats tangibles. Qu'écrirait-il donc dans le compte rendu ?

Heureusement, grâce à Dieu, le coordinateur lui aussi est tout sauf un homme pressé. Et chacun sait que toute réunion devra être suivie d'une autre sur le même sujet. C'est pourquoi, d'un commun accord tacite, obtenu après une négociation acharnée, on aura, à l'issue de la séance, vraisemblablement gagné deux ou trois mois d'inactivité de plus.

Conclusion: A aborder avec prudence, car toujours prompt à faire traiter ses problèmes par quelqu'un d'autre. Excelle cependant pour enseigner aux jeunes l'art et la manière de ne rien faire, surtout lorsque c'est pour le bien de la Société.

Celui qui a envie de devenir riche et célèbre

Il appartient à une Division nouvellement créée, dont personne ne sait à quoi elle sert, à commencer par lui. Cela lui est bien égal, car il n'a pas l'intention d'y rester plus de six mois. Mais dans l'intervalle, il s'agit pour lui de montrer qui il est et ce qu'il a dans le ventre, à défaut de la tête. Et ce avec d'autant plus d'énergie que personne encore n'en a la moindre idée, tout en s’en moquant éperdument.

Il prend d'emblée, à la grande contrariété du coordinateur, la direction des opérations, en faisant preuve, par des rafales de questions incroyablement fines et pertinentes, d'une curiosité d'autant plus infatigable que son ignorance du sujet est totale. Un véritable grand inquisiteur, qui saura néanmoins se montrer indulgent quand les circonstances l'exigeront. Il est là pour faire avancer la Société, pas pour couper des têtes.

Mais, heureusement pour le coordinateur, il n'est pas non plus homme à se salir les mains. Lorsqu'on va en arriver aux actions concrètes, il va considérer qu'il en a assez fait pour aujourd'hui, et laisser les autres besogneux terminer une tâche qui, sans son admirable travail de défrichage et d'analyse, n'aurait jamais pu être menée à bien.

Conclusion: Fréquentation à haut risque, d'autant qu'il est souvent le neveu d'un Grand Directeur. Il est instable et radicalement égoïste. On peut à la rigueur admirer son côté artiste et dilettante. Il est ce que les Américains se plaisent méchamment à appeler un "empty suit".

Celui qui a connu des jours meilleurs

Il occupait naguère au sein de la Société une fonction véritablement stratégique. Il y a tant et si bien excellé qu'on lui a proposé tout récemment un poste qui ne se refuse pas, en récompense après tant d'années si exténuantes, un poste donc de conseiller, absolument prestigieux, où il va pouvoir se mettre légèrement en retrait du service actif et faire bénéficier les jeunes générations de la qualité de sa réflexion et de l'ampleur de son expérience.

Il est encore en phase d'installation, ce qui signifie qu'il n'a pas la moindre idée de ce qu'il est censé faire. C'est pourquoi, pour se mettre au courant au plus vite, il consulte intensivement, voyage autant que possible, faxe et téléphone énormément, et participe à toute réunion dont il aura eu vent de la tenue.

Naturellement, il ignore tout du sujet, et n'a guère envie d'en apprendre davantage. Ces choses-là assurément sont trop misérables pour qu'il s'y implique personnellement. Il est là avant tout pour prodiguer des conseils et des mises en garde. Qu'on le regarde en ricanant lui est totalement indifférent.

Son action, au cours de la réunion, consistera donc uniquement, toutes les dix minutes environ, à raconter une anecdote extrêmement instructive sur un sujet qu'il est bien le seul à ne pas trouver si éloigné de l'ordre du jour, et à indiquer comment il s'y prenait quand il était en charge des dossiers. Il termine invariablement ses démonstrations en disant que si on l'avait écouté, on n'en serait pas là.

Conclusion: Un peu pénible, mais inoffensif. Ne pas hésiter à lui poser une question ou à lui demander son avis si l'on a envie que l'on parle d'autre chose. Si l'on a la malchance de se trouver en tête-à-tête avec lui, faire preuve de grande patience.

Celui qui est contre le principe même de la réunion

Il arbore en permanence un air renfrogné ou ironique. Lui, il sait tout sur la question, en particulier toutes les insanités, écrites et orales, qui ont pu être exprimées par les consternants participants d'aujourd'hui et par leurs prédécesseurs. Sa compétence et son sens critique sont reconnus ; ce sont d'ailleurs les uniques raisons de sa pérennité dans son poste et de son absence de promotion. Il en est parfaitement conscient, et cela ne fait qu'exacerber sa misanthropie et ses aigreurs.

En début de réunion, il va être très vigilant et offensif. Il ne manquera jamais de rectifier impitoyablement, et preuves à l'appui, chacune des nombreuses contrevérités émises par la calamiteuse assistance, et à chaque fois ne manquera pas d'expliquer avec une rage plus ou moins bien contenue que tout ce que l'on fait ici et aujourd'hui ne servira rigoureusement à rien. Mais, petit à petit, la colère va faire place à la lassitude. Sentant se concentrer sur lui les regards haineux de la quasi-totalité des participants, il va prendre le parti de ne plus observer sur la suite des discussions qu'un silence absolu et ostensiblement méprisant.

Il se contentera alors de s'exprimer par mimiques variées, telles que se prendre la tête dans les mains, lever les yeux au ciel en hochant la tête et en soupirant, ou carrément faire semblant de dormir. Il sait de toute façon que même s'il se mettait à donner des coups de tête sur la table, tout le monde ferait maintenant semblant de l'ignorer. Il repartira avec l'unique idée qu'il avait en arrivant: "Tas de cons !"

Conclusion: Ne s'adresser à lui qu'en cas de besoin absolu. Par contre, ne pas hésiter à abonder dans son sens lorsque l'on veut définitivement empuantir l'atmosphère. Inversement, n'avoir aucun complexe à l'agresser férocement, sur le thème: "Comment se fait-il que, depuis dix ans que vous dites la même chose, personne ne vous ait encore écouté ?" Avec lui, on ne risque rien.

Celui qui est contre le principe même de toute réunion

Pour lui, réunion égale scandaleuse perte de temps. Il n'y a qu'à son bureau, et seul, qu'il se sente efficace et à son aise. Il rêve d'un monde sans téléphone, sans fax, sans ordinateurs, et surtout sans réunions. Il est ici sur ordre de sa hiérarchie, et uniquement parce que, en tant qu'expert de la chose, il est un point de passage obligé. Il n'en éprouve véritablement aucune fierté particulière. Il est au contraire profondément exaspéré.

De la réunion elle-même, il ne retiendra pas un traître mot. Il n'aura fait que penser à ce qu'il aurait dû être en train de faire dans son bureau, et même, pour peu qu'il ait été placé dans une position pas trop exposée aux regards, il sera discrètement passé à l'acte. Cela lui permettra de ne pas trop indisposer les autres participants en poussant de gros soupirs et en regardant sa montre toutes les cinq minutes.

Arrivé très en retard, il partira nettement avant la fin, en ayant seulement pour la forme bredouillé de vagues et inaudibles excuses. Et s'il prend à quelqu'un, au cours de la réunion, l'idée saugrenue de lui demander son avis, ou bien il répondra qu'il ne sait pas, ou bien il débitera un petit discours totalement incohérent et incompréhensible, destiné à dissuader quiconque de lui adresser la parole par la suite.

Conclusion: Il n'est pas interdit de lui parler, mais c'est se donner du mal pour rien. Au niveau de la communication, il y a nettement mieux. De toute manière, on s'en fera difficilement une relation suivie, puisqu'il ne sort de son bureau qu'en cas de vessie pleine, de tremblement de terre ou de toute autre catastrophe naturelle.

Celui qui n'en pense pas moins

Avec lui, aucun souci à se faire. Il n'a jamais contredit personne. Nul ne sait qui il est, et il n'a aucune intention de dissiper le mystère. Pendant les deux heures que va durer la réunion, il sourira très aimablement, approuvera tout avec la plus extrême conviction, mais à aucun moment il n'ouvrira la bouche.

Bien peigné, propre sur lui, rien ne saurait lui être reproché. Il est le plus attentif de tous. Il boit littéralement les paroles de tous les intervenants, en affichant un air béat et en opinant vigoureusement du bonnet. Ce qui ne l'empêche pas de prendre frénétiquement des notes abondantes sur tout ce qui se dit.

Il repartira comme il est venu, totalement anonyme, en prenant bien soin de ne parler à personne. Une fois de plus, il aura su préserver son identité jusqu'à la prochaine réunion.

Conclusion: Gagne peut-être à être connu, mais peut-être pas. L'aborder peut être un risque. C'est qu'il appartient peut-être aux Renseignements Généraux. De plus, lui demander à brûle-pourpoint qui il est est susceptible de le vexer, ou de l'angoisser. Mieux vaut donc attendre de l'avoir vu une bonne dizaine de fois avant de se risquer à lui adresser la parole.

Celui qui a vu de la lumière

Voici celui dont on ne saurait se passer. C'est grâce à lui et à lui seul que l'on repartira de bonne humeur, et avec l'impression d'avoir passé un bon moment. C'est quelqu'un qui adore les réunions presque autant qu'il déteste son bureau. C'est pourquoi il n'en rate généralement pas une, en prenant bien soin tout de même d'arriver tout de suite après le départ du Grand Directeur. Le reste du temps, il tient salon dans les couloirs, ou près de la machine à café.

Qu'il sache ou non de quoi on parle, il n'hésite pas à faire profiter l'assistance de ses réflexions personnelles, exprimées sous une forme délicieusement humoristique. Il adore, par des résumés ironiques et désopilants, ou par des formules bien assassines, mettre les rieurs de son côté en soulignant, toujours très aimablement, la stupidité des diverses interventions. Il n'est en outre pas rare qu'il se soit fait accompagner par un de ses nombreux amis, rencontré un quart d'heure plus tôt dans l'ascenseur, et qu'ils se mettent alors tous les deux à tenir une réunion parallèle, sur un sujet diamétralement éloigné du principal. Tous ses voisins auront droit également à un florilège des blagues qu'il a entendues aux Grosses Têtes depuis un mois. C'est alors au coordinateur qu'incombera la lourde tâche d'essayer de le faire taire, et de ramener l'auditoire vers ses supposées préoccupations premières.

Conclusion: Épatant. A fréquenter assidûment si on a envie de devenir comme lui, et de mettre avec lui un peu d'animation dans des réunions qui sans cela seraient par trop sinistres. Mais attention, ce n'est certainement pas en faisant comme ça qu'on devient un Grand Directeur.

Celui qui n'est là que par la volonté de sa hiérarchie

On l'identifie par son âge, nettement en dessous de la moyenne de celui des autres participants. Il s'est fait odieusement abuser par son supérieur hiérarchique, qui a récemment entrepris de faire savoir à la terre entière qu'il était, lui, trop débordé et trop important, désormais, pour perdre son temps dans des réunions subalternes.

Il est l'un des rares à avoir quelques idées sur le sujet, d'autant qu'il vient de passer trois jours à l'étudier. N'ayant pas fermé l'oeil de la nuit, Il est arrivé très nettement en avance, chargé d'une lourde valise de documents, qu'il s'est mis, avant même de s'asseoir, à compulser fébrilement.

Pendant la première demi-heure, il va rester absolument silencieux, se contentant de se tortiller sur sa chaise en se rongeant les ongles. Puis, constatant qu'on ne semble pas avoir l'intention de le jeter dehors, il commence à s'enhardir légèrement ; d'autant qu'il sait qu'il lui faudra tôt ou tard, hélas, rendre compte de son action à son atroce supérieur.

Les débuts sont difficiles. Il faut d'abord qu'il comprenne qu'il ne sert à rien de lever la main pour avoir la parole. Ensuite, que ce n'est pas suffisant de commencer une phrase, encore faut-il parvenir à la terminer sans être interrompu. Enfin, qu'il faut à tout prix éviter de débuter ses interventions par : "Je m'excuse, pardonnez-moi, je n'y connais rien, je vais sûrement dire une bêtise, mais..." Il y en aura toujours un pour l'interrompre avec un ; "Vous inquiétez pas, c'est fait."

Et lorsque, enfin, il va avoir réussi à articuler deux phrases entières, et constaté qu'on ne lui répond que par un silence teinté d'ironie, de condescendance et, au mieux, d'une légère indulgence, il se taira définitivement. Ce sera moins dur la prochaine fois.

Conclusion: Emouvant, mais d'un intérêt limité. A fréquenter uniquement si l'on a envie avec nostalgie de se remémorer sa jeunesse, ou de trouver une oreille à qui raconter ses souvenirs.

Celui qui adore se faire des amis

Dès qu'il fait son entrée, l'horreur se lit sur tous les visages. "Oh non ! Encore lui ! Qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu ?", se lamentent silencieusement tous les participants. Il est connu et redouté dans toutes les Divisions de la Société. Son Directeur aimerait bien le mettre à la porte, mais il lui fait peur. Des cadres supérieurs par dizaines lui souhaitent un infarctus ou tout au moins une longue maladie. C'est que ce n'est pas, lui, un homme du monde, et qu'il est bien décidé, encore une fois, à le prouver.

Il appartient à la famille des grands prédateurs. Il va prendre tout son temps pour affûter ses armes et sélectionner ses cibles. S'étant fait oublier pendant le temps qu'il faut pour rasséréner ses proies, son attaque n'en sera que plus fulgurante. Une fois fin prêt, et ayant bien compris le contexte, dont il ignorait tout en arrivant, il prendra subitement le prétexte d'une déclaration particulièrement anodine pour simuler un violent accès de dégoût et de colère. Il n'aura pas de mots assez durs et méprisants pour signifier à l'imprudent qui se sera exprimé son affligeante bêtise et sa stupéfiante incompétence. Il n'hésitera pas à lui conseiller d'aller nettoyer les toilettes, bien qu'il ne soit pas certain qu'il en soit capable.

Il n'est pas homme à abuser de la langue de bois. Les mots "connard", "abruti" et "trou du cul" ne lui font pas peur, et il les utilise abondamment. Quant à l'objet de la réunion, c'est le dernier de ses soucis. Seule l'intéresse la réaction de celui qu'il va insulter. Celui qui rentre sous terre peut se considérer comme abonné à vie. Celui qui se rebiffe avec modération doit savoir qu'il devra la prochaine fois recommencer avec un peu plus de vigueur. Celui qui se drape dans sa dignité en disant : "C'est Monsieur ou c'est moi", peut se considérer comme parti, personne n'étant disposé à prendre le risque de s'exposer aux foudres du psychopathe en soutenant un collègue que de toute façon l'on méprise cordialement.

Seul trouvera grâce aux yeux du forcené celui qui à son tour se mettra à le traiter de noms d'oiseaux. Pour celui-là, la tranquillité est désormais assurée. Car il aura permis à l'horrible individu de ne pas s'ennuyer plus longtemps avec cette bande de pitres et de partir en claquant violemment la porte.

Conclusion: Y aller sur la pointe des pieds. Caractère difficile, esprit méfiant, mépris sans limites. Ne sympathise généralement qu'avec les mal embouchés dans son genre. Est néanmoins bien souvent assez sensible à la flatterie.

Celui qui est au téléphone

Réunion ou pas réunion, la vie continue. Sa première action en arrivant consistera à se jeter sur le téléphone pour donner le numéro de téléphone de la salle où on peut le joindre. Sa secrétaire, lorsqu'il en a une, est instruite pour l'appeler tous les quarts d'heure quoi qu'il arrive. S'il n'a pas de secrétaire, un de ses amis s'en occupera, à charge de revanche.

Pour lui, la réunion va donc être constituée d'une série d'interruptions entre deux coups de fil. Quand il ne les reçoit pas, il les donne. Il ne connaît en tout cas aucun repos. Si, lassitude aidant, les autres participants se mettent à reprendre le fil de leurs discussions ineptes pendant qu'il est au téléphone, il n'hésitera pas à leur demander instamment de parler moins fort. Et, dès qu'il aura raccroché, à les prier de tout reprendre depuis le début.

Grâce à lui, la réunion aura duré une heure de plus que prévu. Et, avant de partir, il n'oubliera évidemment pas d'appeler sa secrétaire ou son ami pour lui dire qu'on peut désormais l'appeler ailleurs.

Conclusion: Donne des envies de meurtre. N'est fréquentable que dans les toilettes, près de la machine à café, ou à la cantine. Et encore, avec l'apparition des téléphones portables, c'est de moins en moins vrai. En tout autre lieu, ce n'est plus de la patience, c'est du masochisme.

Celui qui a du sommeil en retard

Et en plus, il le prouve. Les sièges sont confortables, le chauffage est satisfaisant, et il n'y a aucun risque d'être dérangé par ses supérieurs. S'il y avait des oreillers, ce serait parfait. Une seule chose est importante, c'est de choisir une place aussi éloignée que possible de la zone de discussion.

Sitôt assis, il se saisit au hasard d'un document, se penche légèrement en avant et fait semblant de le lire, en posant la main sur ses yeux pour que l'on ne voie pas qu'ils sont fermés. Il ne tarde pas ainsi à s'endormir du sommeil du juste.

C'est un métier, certes, mais c'est un métier que beaucoup connaissent, pour l'avoir souvent pratiqué. C'est pourquoi il est fréquent que des facétieux s'amusent à le réveiller en sursaut pour lui demander son avis sur tel ou tel point. Dissimulant sa haine, tout en contrôle de soi, il répond invariablement qu'il est d'accord avec ce qui vient d'être dit, puis essaie de se rendormir.

Ce n'est pas un méchant homme. Il ne souhaite pas la mort du pécheur. Mais il y en a quand même un qu'il a très envie de tuer, c'est celui qui est au téléphone ; à cause des sonneries, qui lui rappellent son réveil.

Conclusion: Intéressant uniquement en tant que phénomène médical. Mérite donc d'être observé attentivement lorsque l'on souhaite acquérir une maîtrise de soi semblable à la sienne. Mais attention, ce n'est pas à la portée de n'importe qui.

Celui qui sent venir la fin du monde

C'est un exalté, pour ne pas dire un mystique. Il se présente à la réunion en sueur, les yeux exorbités et le souffle court. C'est que, depuis quinze ans qu'il annonce l'Apocalypse, cette fois ça y est, c'est pour la semaine prochaine. Et ce, bien entendu, par la faute de générations d'incapables qui n'ont jamais pris la peine de l'écouter.

D'ordinaire, on ne le laisse pas sortir. Mais aujourd'hui, il a profité d'une absence de son supérieur pour s'échapper. On pense généralement qu'il devrait être dans une clinique psychiatrique, mais personne n'a encore osé le lui dire.

Une fois la réunion commencée, il découvre qu'il n'a ni voisin de gauche, ni voisin de droite, et que son vis-à-vis s'est reculé d'un mètre. Pourtant, ce n'est pas qu'on le trouve antipathique. C'est seulement à cause de la transpiration, des postillons et du bruit. Pendant quelques minutes, il se contentera de se cramponner à la table. Puis, n'en pouvant décidément plus, il se mettra, non pas à parler, mais à éructer. Personne n'échappera à son juste courroux. Toutes les responsabilités, toutes les inconséquences et les incompétences qui l'on fait souffrir pendant tant d'années, seront impitoyablement dénoncées. Dans un dernier souffle, il conclura épuisé et en se rasseyant que tout est foutu, malgré tout ce qu'il a fait pendant quinze ans pour que la Société échappe au désastre.

Mis à part celui qui a connu des jours meilleurs, toujours prêt à approuver les discours les plus défaitistes, tout le monde se mettra à tousser et fera semblant d'avoir bien compris le message. Le coordinateur le remerciera même chaleureusement pour son intervention décisive, tout en priant le Ciel pour qu'il s'en aille, ou pour qu'il soit terrassé par une crise cardiaque.

Il repartira au moins aussi désespéré qu'en arrivant, mais persuadé quand même d'avoir convaincu tout le monde du caractère tragique de la situation.

Conclusion: Ne lui parler sous aucun prétexte. Ou alors, avec un parapluie et du coton dans les oreilles

Celui qui tient compagnie à son chef

Il est là contraint et forcé, en tant que souffre-douleur officiel. Son supérieur, d'une part n'a pas eu le temps de s'informer sur quoi que soit et lui en a laissé le soin, d'autre part n'est pas mécontent de montrer qu'il dispose d'un esclave à temps plein.

Il est tout naturellement assis à côté de son cauchemar quotidien, et passe son temps à lui jeter en coin des regards haineux. Il ne commencera jamais une phrase sans être interrompu immédiatement par un péremptoire : "Taisez-vous, Lambert, vous n'y connaissez rien." Par contre, il devra supporter d'entendre sans sourciller son supérieur émettre des opinions profondément imbéciles, et radicalement contraires aux siennes.

On le traite généralement avec indulgence car on sait que c'est un homme qui passe sa vie à souffrir. Mais un jour, Dieu merci, l'autre abruti partira en retraite, et ce sera son tour alors d'avoir un adjoint. C'est ce dernier qui paiera le prix fort pour vingt ans d'humiliations quotidiennes.

Conclusion: Sans grand intérêt tant que son chef n'est pas en retraite. Concentré de rancœur et d'amertume inassouvies, il invente ou colporte cependant volontiers les ragots les plus sordides, dont on peut toujours se réjouir en toute bonne conscience.

Celui qui s'exprime dans une langue étrangère

Avec lui, l'incommunicabilité atteint son paroxysme. Travaillant dans une spécialité très pointue, il en maîtrise à la perfection le vocabulaire ésotérique, à base d'expressions anglaises intraduisibles, d'abréviations hermétiques et de sigles obscurs. Il ne pratique plus le français qu'occasionnellement, chez le charcutier ou chez le garagiste.

A plusieurs reprises, il va donc asséner à l'auditoire ébahi un long discours strictement incompréhensible, sans début, sans milieu et sans fin. Mais que l'on n'aille pas croire qu'il n'en est pas conscient, au contraire ; car son utilisation d'un dialecte inconnu n'a en fait pour seul but que de démontrer son écrasante supériorité intellectuelle sur la piteuse assemblée, ce dont il est malheureusement le seul à être convaincu.

Mais si après cela on lui demande une participation quelconque aux travaux à venir, c'est qu'il n'y a vraiment plus de justice, puisqu'il vient de passer un quart d'heure à s'efforcer de tuer dans l'œuf toute tentative. Le risque heureusement est minime ; aucun individu normalement constitué ne saurait avoir envie d'échanger des idées avec lui.

Conclusion: Distrayant uniquement pour ceux qui aiment Wittgenstein, Joyce et les films suédois non sous-titrés.

Celui qui souffre atrocement

C'était autrefois un agréable compagnon, calme, compétent et dévoué. Mais un jour, sans raison précise, une abominable dépression s'est emparée de lui. Depuis, lorsqu'il n'est pas terré dans son bureau à essayer désespérément de faire quelque chose sans jamais y parvenir, il harcèle ses supérieurs en les suppliant d'accepter sa démission ou même de le licencier sans indemnités.

S'il assiste à la réunion, c'est parce que son chef a estimé que ça lui ferait prendre l'air, et pourrait même constituer pour lui une sorte de thérapie. Donc il est là, contraint et forcé, recroquevillé sur sa chaise en se dissimulant le visage. N'ayant pas dormi depuis une semaine, et ayant avalé une heure plus tôt une triple ration de tranquillisants et d'antidépresseurs, il est dans un état encore plus lamentable qu'à l'ordinaire.

Il sait que c'est lui le coupable, et que tout ce qui est arrivé est de sa faute. La patience et la gentillesse dont on fait preuve à son égard lui sont totalement insupportables. Comment la terre entière ne sait-elle donc pas encore à quel point il est un complet incapable ? Il voudrait bien soulager un peu sa conscience en se dénonçant publiquement, mais il a trop peur de déranger le cours normal de la réunion.

Dieu merci, les hommes ne sont pas tous des bêtes. Personne n'aura donc la cruauté de s'adresser à lui autrement que pour lui proposer un café ou un verre d'eau, que, sous le coup de l'émotion, il ne manquera pas de renverser sur la table. Il partira avec la tête encore plus vide qu'en arrivant, désespéré de devoir maintenant attendre jusqu'au soir pour raconter à son psy les intolérables souffrances qu'il a dû endurer pendant la réunion.

Conclusion: A fuir absolument. Désespérerait un banquet de sapeurs pompiers.

Celui qui éprouve un mépris profond pour l'eau minérale

Son comportement en réunion est hautement variable et imprévisible. Tout dépend, premièrement, de la manière dont il aura vécu la soirée précédente ; secondement, de l'heure à laquelle se tient la réunion, à savoir : avant, ou après déjeuner.

On pourra donc constater, selon les circonstances : une épouvantable gueule de bois, le privant quasiment de l'usage de la parole et le rendant totalement imperméable à tout événement extérieur ; un atroce état de manque, se traduisant par une agitation insensée, par des tremblements et des nausées incontrôlables, par une diction terriblement mal assurée, le tout accompagné de terrifiantes sueurs froides ; un état de complète hébétude, proche de la catalepsie; ou enfin, à l'inverse, une euphorie des plus déplacées, se manifestant par une propension redoutable à faire profiter l'assistance d'une ironie, d'une grossièreté et d'une agressivité totalement inconvenantes, assorties généralement d'une collection d'aphorismes, de bons mots et d’histoires plus que graveleuses qu'il est bien le seul à trouver comiques.

L'alcoolisme présente tout de même un avantage conséquent ; s'agissant d'une maladie honteuse, résultant le plus souvent d'un effrayant amoncellement de catastrophes personnelles, personne, même la plus épaisse des brutes, ne s'aventurera jamais à adresser des réflexions désagréables à un poivrot.

Quelques-uns d'entre eux s'imaginent que personne ne s'en est jamais aperçu. Mais la plupart, lorsqu'il leur arrive d'être lucides, savent bien que tout le monde dans la Société, du directeur au coursier, est parfaitement au courant. Dans les deux cas, ils en usent et abusent avec une délectation d'autant plus forte que leur esprit embrumé ne leur permet plus depuis bien longtemps de distinguer le vrai du faux et le bien du mal.

Si par hasard, une fois la réunion terminée, le malade alcoolique devait en conserver le moindre souvenir, celui-ci serait naturellement dépourvu de tout rapport avec la réalité.

Conclusion: C'est très souvent une personne sensible et attachante. Ce peut être aussi un complet abruti. De toute façon, mieux vaut éviter de le fréquenter. Le seul avantage que l'on puisse espérer en retirer, c'est de devenir pire que lui.

Et moi, qui suis-je ?

Il n'y a pas de miracles. Très vraisemblablement un composé de deux ou trois des catégories qui viennent d'être décrites. Mais une fois qu'on le sait, ce n'est plus très grave. Soyons donc sans états d'âme et sans mauvaise conscience. Les saints et les bien-portants sont en effet rarement rentables pour les entreprises. Et ce n'est pas parce que l'on est, à son travail, atrocement inefficace et imbuvable, que l'on perd pour autant l'accès à la vie éternelle.

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