vendredi 3 juin 2011

Bravo et merci Monsieur de Villepin. Marcelle


Jeune agriculteur dans le neuf trois


Où j'exploite principalement le chanvre, je porte le plus vif intérêt à la démarche du pôle d'excellence rurale de valorisation du chanvre, du tournesol et du colza. A cet égard la désertification agricole est une tragédie. Depuis déjà des années, on ne voit plus la moindre moissonneuse batteuse dans les rues d'Aubervilliers.

Me faisant le porte parole de tous les cul terreux, pédzouilles et autres pécores de notre vieille nation, sachez qu'en 2012 nous voterons pour vous comme un seul homme.


Le mildiou et les doryphores infectent l'Élysée chaque jour davantage. Vous seul saurez les éradiquer. C'est urgent. Depuis que Sarkozy est président, mes vaches ne donnent plus de lait, mes fromages de chèvre tournent et mes poules ne pondent plus. Quant à mes porcs, ils sont devenus sodomites. Vous êtes l'homme de la situation. Sauvez-nous.


Marcelle

Un jour il y a dix huit ans, j'étais en plein délire maniaque et j'errais dans les rues de Clichy. Je me suis trouvé sans savoir pourquoi dans une expo de peinture troisième âge. Je suis tombé en extase devant trois tableaux, d'inspiration surréaliste, magnifiques. J'ai demandé qui c'était l'auteur. C'était une très vieille dame, elle s'appelait Marcelle. Son mari avait été tué pendant la guerre et elle ne s'était jamais remariée. Je me suis assis en face d'elle et je l'ai écoutée me raconter sa vie pendant une demi-heure. Je n'ai quasiment rien dit. Une demi-douzaine de grand-mères à côté écoutaient en silence. Ce fut un immense bonheur. Marcelle n'a jamais un instant cessé de me regarder dans les yeux, immobile comme la pierre. Puis une jeune fille est venue, lui a dit Madame il va falloir y aller. Elle l'a faite lever et Marcelle alors s'est mise à trembler de la tête aux pieds. J'espère que les parkinsoniens ont droit à un paradis cinq étoiles.

Moi-même souvent je tuerais ma mère pour un bon mot, mais par bonheur elle est morte il y a six mois. Vous plaisantez avec l'implaisantable, m'a dit un jour un psy. Ce matin aux aurores j'ai plutôt revécu le moment d'éternité avec Marcelle. Puisque vous la trouvez belle l'histoire vous allez voir que je n'ai pas tout dit.


Sur les tableaux il y avait trois signatures : Mitzi, Marcelle Thiébault, Marcelle. Quand elle m'a eu raconté sa jeunesse, la guerre, son veuvage, je lui ai dit je crois que j'ai compris la chronologie des tableaux. Dans l'ordre comme je viens de l'indiquer. Mitzi, c'était l'urgence, vous vouliez vous réfugier dans votre jeunesse. Marcelle Thiébault, c'est quand vous étiez la veuve. Et Marcelle, c'est quand vous vous êtes enfin décidée à exister seule. Oui c'est ça elle m'a dit avec un grand sourire.

Je suis reparti très fier de moi. Il ne m'a fallu que quelques années pour comprendre que peut-être elle avait seulement voulu me faire plaisir.

Ah aussi ça me revient, le curé qui a enterré ma grand-mère était lui aussi parkinsonien Il avait beaucoup de tremblements au niveau des bras et du visage. C'est un peu dur, il a seulement dit sur le sujet. J'étais jeune, je n'ai rien trouvé à dire pour lui remonter le moral. Aujourd'hui dans le palace cinq étoiles, Marcelle lui donne des cours de peinture.

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