Psychanalyse et flatulences

Michel Pé

Diplômé de l'École Centrale de Paris, 1972

Ingénieur de l'Aéronautique

CERTIFICAT DE BONNES MOEURS

Effectuant chez Monsieur MONARCE Fabrice depuis de nombreux mois, et avec une satisfaction certaine, une analyse des plus soutenues et ce pour un prix modique, je suis en mesure de certifier que, sans aller jusqu'à affirmer qu'il ne jouirait pas de toutes ses facultés, on doit néanmoins considérer ses responsabilités civiles et pénales comme significativement atténuées.

Monsieur MONARCE Fabrice exerce en effet la difficile profession de psychanalyste, dont la communauté scientifique tout entière et unanime s'accorde à reconnaître la dangerosité.

Il est prouvé que la lecture d'ouvrages abscons et de revues hermétiques, la participation à des rassemblements, séminaires, congrès, tous plus rébarbatifs et désespérants les uns que les autres, ont des effets pernicieux et parfois dévastateurs sur les systèmes neurovégétatif et parasympathique de ceux qui y sont soumis.

Par ailleurs, on a pu démontrer sans que subsiste le moindre doute que la fréquentation assidue et quasi-quotidienne de psychotiques de tous acabits (paranoïaques, mélancoliques, maniaco-dépressifs, schizophrènes, enseignants, agents de police, cadres supérieurs, ecclésiastiques, etc., (la liste est interminable), bref, des individus, pour s'exprimer vulgairement, qu'il vaut mieux avoir en photo qu'en pension), accablant sans vergogne aucune le malheureux psychanalyste de confessions écoeurantes, d'affirmations répugnantes et de propos abracadabrantsque,s conduit invariablement celui-ci à des troubles obsessionnels compulsifs plus ou moins attristants et inquiétants. On cite souvent à cet égard l'atrophie des nerfs patéthique et hypoglosse. C'est ainsi donc que chez le psychanalyste, on ne saurait s'en étonner, fous rires nerveux, flatulences incontrôlées et penchant exagéré vers la bouteille ne sont pas rares.

Je pense donc sincèrement que le cas de Monsieur MONARCE Fabrice, de par les pressions insoutenables qu'il subit en permanence, doit être considéré en toutes circonstances par autorité publique avec la plus grande indulgence.

Fait à Courbevoie, le seize mars 2001.